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FAVORISER LA TRANSMISSION DE SAVOIR-FAIRE
Le tutorat ou le mécénat d’entreprise permettent, en fin de carrière, de partager son expérience avec les jeunes générations ou de mettre ses compétences au service d’une association. Des dispositifs dynamisants et altruistes qui rencontrent un franc succès. GUILLAUME LE NAGARD
Tutorat, mécénat de compé- tences... Ces deux disposi- tifsontleventenpoupe.Un
succès qui pourrait croître avec le recul de l’âge de la retraite. Si le premier s’exerce au sein de l’entreprise et permet à de jeunes apprentis ou alternants de mettre le pied à l’étrier, le second se déroule auprès d’une association ou d’une fondation déclarée d’utilité publique.
Le tutorat,
une passation de témoin
« Je retourne sur le terrain, je transmets mon expérience mais je renouvelle aussi ma pratique. » Corinne, 57 ans, cadre commer- ciale d’une société de prévoyance, se féli- cite d’avoir accepté une mission de tutorat qui durera deux ans. Elle encadre Mouna, une étudiante en alternance de 24 ans, en master en droit de l’assurance. « Elle passe deux semaines dans l’entreprise et deux dans son école, poursuit Corinne. Je l’ac- compagne dans ses premiers rendez-vous commerciaux et je pense lui faire gagner du temps dans sa montée en compétences. De mon côté, j’apprends à interagir avec cette génération des millénials. » La salariée est aussi en relation régulière avec le référent de Mouna au sein de son école.
Le tutorat est un dispositif plébiscité dans de nombreuses entreprises, notamment pour les salariés en fin de carrière. Ainsi,
le groupe de Corinne propose-t-il systé- matiquement aux collaborateurs de plus de55ansderéfléchiràcetteformule,et accompagne les volontaires par des for- mations courtes. Le principe est appli- qué depuis longtemps, notamment dans l’industrie : EDF compte, par exemple, un vivier de quelque 5 000 tuteurs et tutrices. En outre, les politiques publiques favorisent depuis plusieurs années les recrutements en contrat d’apprentissage avec, notam- ment, une prime à l’embauche qui couvre tout ou partie du salaire de l’apprenti (selon son âge). Ils devraient atteindre un total d’environ 1 million cette année, auxquels s’ajoutent près de 140 000 contrats de professionnalisation (formation continue) ainsi que plus de 650 000 conventions de formation organisant la pédagogie en alter- nance pour des élèves sous statut scolaire (CAP, bac pro) et 500 000 conventions de stages étudiants (IUT, licence pro, mas- ter...). Le potentiel « de jeunes à tutorer », tous statuts et niveaux réunis, peut être estimé à 2,3 millions.
La désignation d’un tuteur volontaire est obligatoire dans les entreprises qui accueillent des alternants. Les contrats sont de deux types : apprentissage pour les étudiants en formation initiale (dans ce cas, celui de Corinne, le tuteur ou la tutrice est aussi appelé maître d’appren- tissage) ou professionnalisation pour la formation continue. Le Code du travail fixe des conditions au statut de tuteur en ● ● ●
TUTORAT, POURQUOI PAS UNE FORMATION?
De nombreux organismes de formation proposent
des sessions pour les salariés désirant s’engager dans
le tutorat. Car avoir des clés pour accueillir un jeune, faire les bons feed-back, former avec bienveillance
et confiance, bien transmettre les valeurs de l’entreprise...
ça s’apprend aussi. Autant
de repères qui permettent de limiter les échecs d’intégration : trois contrats d’apprentissage sur dix s’achèveraient avant
la fin de la date prévue.
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