Page 131 - CGOS_NOTRETEMPS_RETRAITE_2024
P. 131
● ● ● entreprise : être titulaire d’un diplôme ou d’un titre relevant du domaine profes- sionnel de l’apprenti, et du même niveau au moins, et justifier de deux années d’acti- vité ; ou, à défaut, de trois années d’activité professionnelle en relation avec le diplôme visé (deux années pour les contrats de pro- fessionnalisation). Volontaire, le tuteur ne peut suivre plus de 2 (apprentissage) ou 3 (professionnalisation) alternants. La loi ne prévoit pas de rétribution, mais certaines conventions collectives accordent une prime aux tuteurs.
Les qualités primordiales demandées sont la volonté de transmettre, l’écoute, la bienveillance, ainsi que l’organisation ou la capacité à gérer un planning pour l’année et à fixer des objectifs en relation avec le programme pédagogique. Une formation n’est pas obligatoire mais elle peut être pro- posée par l’entreprise et prise en charge par les organismes de formation continue.
Le mécénat de compétences, un partage de savoir-faire
À quelques années de la retraite, certains employeurs proposent à leurs salariés de mettre leur expérience et leurs compé- tences à la disposition d’une association. Elles le font dans le cadre du mécénat de compétences permettant un détache- ment du salarié. N’y voyez pas une voie de garage : cela permet de satisfaire un besoin d’engagement citoyen, de renou- veler sa pratique professionnelle ou de se préparer à une future activité associative à la retraite. Le tout sur la base du volonta- riat, en conservant son contrat de travail qui n’est ni rompu ni suspendu.
Ainsi, en octobre dernier, Jérôme a-t-il quitté son bureau lorientais de Naval Group pour aider l’association Sea Cleaners à se doter d’un immense bateau de nettoyage des côtes. « Je voulais une mission qui justifie mon salaire, explique ce cadre supérieur, architecte naval et responsable d’industrialisation dans le groupe de construction navale. C’est une étape pour me préparer à découvrir plein de choses après ma carrière. » Il travaille
sur les cahiers des charges, négocie et organise la relation avec les fournisseurs dans toute l’Europe au profit de cette association qui se consacre à la propreté des océans. Laquelle n’aurait pas pu se payer une telle expertise. Jérôme n’exclut pas de continuer à l’accompagner après sa retraite, en octobre prochain. Jean, ancien d’Orange, a, lui, passé sa dernière année à accompagner des jeunes au sein d’une mission locale. Pour ce mécénat de compétences, il bénéficiait, en outre, d’un dispositif de temps partiel en partie compensé financièrement par son groupe. Dans les deux cas, un accord d’entre- prise encadrait les conditions du mécé- nat de compétence. Et ils sont assez rares. Pourtant, la formule permet à un employeur de faire preuve de sa responsa- bilité sociale tout en répondant au besoin d’engagement de ses salariés. Et accessoi- rement de bénéficier d’un coup de pouce fiscal significatif, à condition que l’orga- nisme bénéficiaire de l’initiative ait une mission d’intérêt général, comme la Croix- Rouge, le Secours populaire ou catholique, les Restos du cœur, mais aussi des asso- ciations moins connues ou les missions locales pour l’insertion. La loi Aillagon du 1er août 2003 permet, dans ce cas, de défiscaliser 60 % des salaires chargés des collaborateurs missionnés (art. 238 bis du Code général des impôts).
Les grands groupes ont souvent misé sur cette formule pour aménager la fin de carrière de leurs salariés. C’est le cas de BNP Paribas, La Société générale, Orange, Renault, Schneider Electric... Alors que le monde associatif s’inquiète de l’effet du report de l’âge légal de la retraite, le mécé- nat de compétences pourrait convaincre plus d’entreprises – y compris de tailles moyennes – et de salariés. Pourquoi ne pas le proposer à votre employeur ? Tout comme le tutorat, ces adaptations profes- sionnelles permettent de donner plus de sens aux derniers mois au travail. Liens avec les plus jeunes, sentiment de trans- mettre un « héritage » ou découverte d’une nouvelle place dans la société... Une belle façon de se « relancer » avant les grands changements de la retraite. ■
37%
des salariés impliqués
estiment que leur expérience du mécénat de compétences
les a remotivés dans leur travail.
77%
notent que le mécénat a augmenté leur attachement à l’égard de leur entreprise.
30%
des chefs d’entreprise envisagent
de le proposer
à leurs salariés. Source: Ifop, baromètre
du mécénat de compétences.
NOTRE TEMPS - RETRAITE 2024 • 119